Solidarité, Réconciliation et Tolérance : Réalités Africaines
Contribution de Mme Alifa Chaabane Badra ex Ambassadeur a l'OISAT WASAT :"Solidarité, Réconciliation et Tolérance : Réalités Africaines "
C’est un honneur et un plaisir d’être parmi vous lors de cet heureux événement invitée par mon amie la grande militante Saida Agrebi, Présidente de l’OISAT-WASAT à qui je rends un vibrant hommage pour sa persévérance, son abnégation, sa patience, sa tolérance, sa solidarité et sa grandeur de surpasser tous ses maux”.Mesdames et messieurs,
Les valeurs de tolérance et de solidarité ont été reconnues dernièrement comme des valeurs sociales importantes qui unissent le destin des Hommes.
Pour le sociologue Émile Durckheim (1858-1917), la solidarité est une attitude primitivement sociale, aussi les ONG ont été fondées sur la valeur positive de la Solidarité.
La tolérance annihile les formes d’intolérance, de violence, d’injustice qui caractérisent la discrimination et la marginalisât ion.
Ainsi la tolérance et la solidarité vont-elles de pair avec les objectifs et les actions menées par les ONG qui militent pour les Droits de l’Homme.
C’est aussi le cas de l’OISAT qui a placé comme objectif principal la promotion de la Tolérance,
l’Amitié et la Solidarité entre les citoyens du monde notamment dans les pays d’accueil de l’émigration.
Étant donné que les peuples se caractérisent naturellement par leur diversité, seule la tolérance et la solidarité peuvent assurer la survie des communautés mixtes de chaque région.
La tolérance est alors la reconnaissance des droits universels de la personne humaine et des libertés fondamentales.
L’intolérance, le manque de solidarité, la violence et les injustices qui caractérisent la discrimination peuvent aboutir à des soulèvements, des crises des révolutions de toute ou d’une partie de la population d’un État d’un pays où d’une région.
Après une période de troubles politiques. D’insurrection de soulèvement ou de crises graves à la suite d’injustice sociale.de disparités régionales de guerres civiles ou de violations des droits humains, des formes de justice transitionnelle se sont instaurées.
Dans le cadre de la justice transitionnelle ont été érigées des commissions de réconciliation et de vérité. Ces commissions avaient pour but d’œuvrer à la réconciliation nationale.
Ce genre d’institutions peuvent en général faire procéder à des enquêtes pour rétablir la vérité. Elles peuvent aussi bénéficier de moyens d’investigation propres.
Elles cherchent à reconnaître les causes de la violence, à identifier les parties en conflit, à enquêter sur les violations des droits de l’homme et à établir les responsabilités juridiques qui en découlent.
L’objectif est d’aider les sociétés traumatisées par la violence, l’intolérance et le manque de solidarité à faire revivre leur passé d’une façon critique afin de sortir de leurs crises profondes et d’éviter que de tels faits ne se reproduisent dans un proche avenir. Les victimes sont invitées à s’exprimer devant un forum afin de leur permettre de retrouver la dignité. Quant aux auteurs des violences ils sont appelés à avouer leurs forfaits et à exprimer leur repentir devant les victimes ou leurs familles concernées.Plus de trente pays ont mis en place des commissions de vérité et de réconciliation seule la Tunisie parmi ces pays a mis en place une commission de vérité et de dignité , la réconciliation n’étant pas à mon avis le souci majeur de cette commission.
1- Afrique du Sud :La Commission de la Vérité et de la Réconciliation a été chargée de recenser toutes les violations des droits de l’homme commises durant le régime de l’ Apartheid depuis le massacre de Sharpeville en 1960 et initié par le gouvernement Sud-africain , et ce afin de permettre une réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs des exactions. L’objectif de cette commission concerne les crimes et les exactions politiques commises au nom du gouvernement sud-africain mais aussi ceux commis au nom des mouvements de libération nationales. La spécificité de cette commission consistait en l’échange d’une amnistie pleine et entière des crimes commis en échange de leur confession publique.La Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) en Afrique du Sud a été créée par lev «Promotion of National Unity and Réconciliation Act” de 1995 sous la Présidence de Nelson Mandela qui avait accédé au pouvoir en 1994au cours d’un procès de transition démocratique visant à mettre un terme à l’apartheid et à la domination de la minorité blanche dans ce pays. Mgr Desmond Tutu a été le premier président de la CVR et en est resté deux ans Les enquêtes de la CVR allaient du 1er mars 1960 au 10 mai 1994.Le 28/02/1997, la CVR a accordé l’amnistie à 37 anciens responsables de l’ANC dont Thabo Mbeke. Le modèle de la CVR d’Afrique du Sud a été suivi par d’autres pays.
2 – La Tunisie L’Instance de la Vérité et de la Dignité.A la suite de l’insurrection de Décembre 2010-janvier 2011 une instance appelée IVD Instance de la Vérité et de la Dignité a été créée en Tunisie par la Loi organique 2013 -53 du 24/12/2013 relative à la justice transitionnelle. Les périodes couvertes par les violations aux droits de l’homme allaient de 1955 ( avant même l’indépendance du pays qui est arrivée en1956) jusqu’en 2013.La spécificité de l’IVD consiste notamment en l’élaboration d’un programme global de réparation individuelle et collective des victimes de violations.
3- CanadaLa Commission Vérité et Réconciliation ( CVR)La CVR aspire au rétablissement et au renouvellement des relations entre les autochtones et les canadiens autochtones et non-autochtones.
La réconciliation concerne les anciens pensionnaires des premières nations, Inuits et Métis et leurs familles, collectivités, organismes,
anciens employés des écoles, le gouvernement ainsi que la population canadienne.
4- Côte d’ivoire La Commission Vérité et Réconciliation A la suite de la crise ivoirienne 2010-2011,
le Président Alassane Ouatara a annoncé le 11/04/2011 jour de l’arrestation de son rival Laurent Gbagbo,
sa volonté de créer une CVR chargée de faire la lumière sur les violences post électorales .
Jusqu’à ce jour la CVR n’a fourni aucun travail.
5- Le Pérou La Commission Vérité et RéconciliationLa CVR au Pérou est chargée principalement d’élaborer un rapport sur le conflit armé péruvien entre 1980-2000 . Elle a été créée en 2001.En plus de ses recherches sur les violences terroristes du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru et du Sentier Lumineux, la CVR a cherché à analyser les racines profondes de cette violence et à enquêter sur la répression militaire contre les mouvements terroristes.